Entre chanteurs, musiciens et ceux qui oeuvraient en coulisses, ils sont une trentaine à avoir créé ce spectacle.
La qualité du spectacle a été égale à la surprise qu’il a générée auprès du public, samedi soir à Illfurth où l’association Mada’lsace Miaraka a relaté plus qu’un voyage, une aventure humaine. Bien loin d’une soirée diapo !
Elles avaient largement sous-estimé ce qui était en train de se créer, Fanny Wehrlen et Sandrine Hoffstetter, ne voyant en toute humilité qu’une équipe voulant approcher au mieux leur « aventure malgache » là où le public a découvert un vrai spectacle de près de deux heures et demi. La surprise fut donc totale pour les plus de 200 spectateurs qui s’attendaient à soutenir la jeune association Mada’lsace Miaraka en venant assister à une sorte de “soirée diapositives”. Certes améliorée avec des chants et des vidéos selon ses deux instigatrices, mais en restant gentiment dans un cadre un peu convenu.
Tendre et touchant.
Rien de cela ! Costumes, jeux de lumières et de scène, mise en scène, décors, musiciens et chanteurs… c’est le résultat d’un an de travail et de répétitions qui a été soudainement exposé dans l’église d’Illfurth, jaillissant comme un ange -il serait déplacé de parler de diablotin en la circonstance- d’une boîte fantastique. Sur un chœur métamorphosé en scène, des polyphonies, des saynètes et autres performances rendues avec grâce et technique par les interprètes.
S’entourant d’une trentaine d’amis et connaissances avec le soutien de particuliers ou encore de la commune d’Illfurth ou la com.com, du conseil de fabrique et du prêtre, Sandrine Hoffstetter et Fanny Werhlen avaient l’intention de retraduire, de donner à comprendre à ceux qui en auraient la curiosité, la mission humanitaire qui les conduisit, durant presque un an pour Fanny, à Sakaraha et Tulear, dans le sud de Madagascar. C’est précisément ce que leur spectacle a fait : montrer comment deux jeunes Illfurthoises ont quitté leur confort sundgauvien pour se lancer dans l’un des plus grands défis : connaître l’autre et soi-même. C’est ainsi un carnet de voyage qui s’est ouvert dont les pages se tournaient au gré des rencontres dans la brousse, où la pauvreté et la misère ne sont pas des concepts mais deux réalités abrasives comme la lèpre, qui fleurissent dans un environnement aux « paysages sublimes » que traversent pirogues et taxis-brousse, ici évoqués en cartons colorés, fabriqués avec enthousiasme comme le reste.
L’intelligence a fait le reste : aux antipodes de l’expédition de deux touristes occidentales en goguette dans un pays exotique, ce qui a été raconté ne relevait pas plus d’une mise en scène autosatisfaite de soi. Ces filles d’Illfurth n’ont parlé d’elles et leur mission que pour mettre un pays en valeur. Et ses hommes, ses femmes et ses enfants, beaucoup d’enfants, dont les yeux rieurs inondaient l’église à travers les photographies et les vidéos projetées.
Ce qu’elles ont vécu a transformé ces deux jeunes femmes et c’est cela qu’elles ont dit avec leurs excellents complices de scène. Elles n’ont pas imposé un regard, mais elles ont ouvert grand la fenêtre sur des échanges, des partages, l’inébranlable foi et l’incroyable œuvre d’une communauté de sœurs dans une région où la vie est, en dépit de tous les manques et difficultés, vue comme un cadeau céleste à respecter par un « peuple fier et courageux »
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Ce respect a rayonné tout au long d’un spectacle tendre et touchant sans pathos, où la seule naïveté fut de croire qu’il y a quelque chose de bon en l’homme, et qu’être a définitivement plus de sens qu’avoir. « Nous avons eu le sentiment d’être utiles », avaient confié Sandrine Hoffstetter et Fanny Wehrlen à leur retour, lorsqu’elles avaient décidé de créer début 2012 leur association Mada’lsace Miaraka -elle compte aujourd’hui près de 80 membres- pour prolonger l’action sur le terrain. Et les dons récoltés depuis, ceux de samedi soir encore, sont intégralement destinés à poursuivre le travail entamé.
Donner et recevoir
Donner et recevoir davantage en retour… « Il suffit de femmes et d’hommes engagés pour changer le monde », ont-elles encore indiqué samedi soir face à une « standing ovation » dont elles n’ont accepté les regards admiratifs que pour les rediriger vers les Malgaches.
Mais indubitablement, il y avait quelque chose d’universel dans ce spectacle, de revigorant aussi, à en avoir les doigts qui picotent à l’idée de signer pour partir et faire quelque chose, en se rappelant qu’il n’y pas forcément d’aller loin pour partir.
De l’émotion, il y en avait à foison dans ce Voyage au cœur de Madagascar qui portait si bien son nom, et pas uniquement parce que les chansons étaient bien choisies et interprétées. Il était là, le spectacle de Noël, dans ce moment plein d’humanité. Et ça fait du bien.
Un spectacle regorgeant de couleurs et d'émotion